From: jlf@essi.fr (Faraut Jean-Louis)
Newsgroups: fr.soc.religion
Date: 11 Jun 1997 12:07:57 GMT
Message-ID: <5nm4et$8pl$1@news-srv.essi.fr>

> Ma question est donc toute simple : Dieu a-t-Il créé le mal ?

pour vous aider à trouver la réponse à votre question, il
faut d'abord s'entendre sur la définition du mal et du bien.
[réponse de: jbaagoe@planete.net]

Sur le bien et la liberté, voici un extrait d'un grand theologien
contemporain Maurice Zundel (mort il y a une vingtaine d'annees):

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Le bien, c'est Quelqu'un à aimer et non pas quelque chose à
faire. Davantage: on ne peut pas le faire, il faut le devenir puisque
le bien c'est nous, c'est nous-mêmes en état de don. Et c'est là une
découverte magnifique, parce que c'est là que notre liberté obtient la
révélation d'elle-même. [...]

Or, dans l'Évangile, parce que nous sommes en face d'un Dieu qui est
tout Amour, d'un Dieu infiniment libre parce qu'Il décolle
éternellement de Lui-même, parce qu'Il est incapable de tout retour
sur soi, parce qu'en Lui «Je est un Autre», nous avons là la
révélation du bien parfait dans une liberté absolue. Et nous apprenons
par là que être libre, c'est se donner.

Etre libre, ce n'est pas choisir entre une chose et une autre chose,
entre une botte de foin et une botte d'asperges. Etre libre, c'est
pouvoir décoller de soi et faire de tout soi-même un don. Et c'est
cela le bien, et il n'y en a pas d'autre. Le Bien et la Liberté
s'identifient dans leur racine, puisque le bien et la Liberté
consistent l'un et l'autre, et identiquement, en ce surgissement d'une
personne qui est tout entière un élan vers un autre.
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Extrait de "Je parlerai à ton coeur" M. Zundel aux Editions Anne Sigier
[réponse de: jbaagoe@planete.net]

ainsi donc,

"Si Dieu est Amour, il ne peut créer que dans l'amour, c'est-à-dire
dans une structure d'alliance. Comme aime dire Zundel, Dieu a ouvert
l'anneau d'or des fiançailles éternelles, charge à l'homme de le
refermer. Dès lors, la création est une histoire à deux, où l'homme
peut blesser Dieu par son refus de l'alliance. Par rapport à la
créature, Dieu est humble, car il se met en dépendance des choix de la
liberté. Plus encore, il court le risque de devenir victime du mal,
devant le refus possible de l'homme.

C'et là un thème très fort chez Zundel: Dieu est innocent du mal; il
est impossible qu'il veuille le mal, ou même qu'il le permette. Dieu
est mystérieusement victime du mal, car le mal est rupture de
l'Alliance. C'est pourquoi le péché peut être si terrible: quand on
touche à l'homme, on touche à Dieu. Et si puissant: quand on refuse
l'alliance, on déstructure la création. Dès lors, quand une personne
est victime du mal, soit par la malice des hommes, soit par la
création qui «n'est pas dans l'état où elle devrait être», Dieu est
mystérieusement avec elle, portant sa souffrance dans la
compassion. Dieu compatissant pour sa créature, jusqu'à en prendre sur
lui tout le malheur pour l'engouffrer dans la toute-puissance de la re
création"

tiré d'une réflexion de Marc Donzé Bulletin du secrétariat de la
conférence des évêques de France, no 12, juillet-août 1989
[réponse de: jbaagoe@planete.net]

cordialement,
[réponse de: jbaagoe@planete.net]

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Jean-Louis Faraut